lundi 26 août 2013

La ballade du Professeur




Les fumeroles raffinées de l'usine embaument mes yeux
L'égosillement des mouettes cadencent la valse fluviale
A l'oreille d'une passante alanguie mon salut en creux
Au pas militaire d'un passant ma considération cordiale

Avancées des trains par déraillements
Pavés désarticulés polis par les averses
Je vois les habitués dans le décor clairement
J'ai toujours suivi des chemins de traverse

Je peux discourir sur n'importe quel sujet
J'interpelle alors cette passante ou ce passant
Ils me regardent quelques fois circonspects

J'ai pourtant traversé l'Achéron cahin-caha
Poudré de suie
J'ai été le Professeur frioulan criant croa




vendredi 23 août 2013

Mirage St Denis


Torpeur des eaux du canal de St Denis
Coulée de vie dans le béton
ça a charrié des péniches au nom d'espérance, des canards civilisés,
Le trouble soudain sur les rives
Un corps sans âge voyageur marin

vendredi 16 août 2013

Interlude: la nostalgie du dragon

  Je ne fais que te rapporter ce que m’a dit un homme me dit-elle. Il est apparu parmi nous au coeur d’une saison de pluies torrentielles. Il tenait à nous raconter ce qu’il lui était arrivé.    
                                
 Un dragon m’est apparu en songe. Il cherchait à me dire quelque chose. J’ai mis longtemps à comprendre, il me semble. Il voulait témoigner de sa nostalgie. Celle de son pays natal. Il était venu pour découvrir notre monde dont il avait entendu parler. Il l’avait un peu parcouru observant de loin les agissements des humains, curiosité opaque, et les espaces, genres inconnus. La porte de communication entre votre monde et le mien est une cascade au pied de la montagne qui se trouve près du village disait-il, dit encore l’homme. Après ses pérégrinations, il avait rejoint cette chute d’eau. Il y avait vu alors un autre dragon. Il avait su alors qu’il ne pourrait pas partir immédiatement. Deux dragons ne peuvent pas emprunter la même voie. Je m’imprégnais en songe du caractère définitif de la sentence. J’acquérais la conviction qu’il implorait mon aide pour atténuer son chagrin. Sa nostalgie de dragon. Eveillé par la morsure de ces impressions, j’ai marché jusqu’à la cascade. Ils étaient là tous les deux. J’ai reconnu le dragon de mon sommeil par sa patte droite, une griffe plus longue que les autres. Comme s’ils n’attendaient que mon arrivée, dès que je me suis installé derrière un rocher, un combat s’est enclenché. Leurs grandes carcasses se heurtaient avec fracas. J’ai alors pointé l’arc que j’avais amené vers le dragon qui m’était inconnu. Ce dernier s’est effrondré en silence. Dans une détonation bleue, mon dragon et la cascade s’étaient volatilisés.

Je ne me rappelle plus vraiment de ses derniers mots avant qu’il parte. Je me souviens juste que les pluies s’étaient tues, me dit-elle.

samedi 10 août 2013

Persistance du souvenir

Penché à la fenêtre, il se rappelait le jardin en face de la maison. La profusion des entrelacs du lierre amalgamé à sa façade était associée à ce souvenir par un effet de surimpression. A la place de l’actuelle colonne blanche,  se trouvaient deux poiriers fortement inclinés, une rangée de chênes, démarcation du commencement de l’ailleurs, et des massifs d’hibiscus aux corolles bleu violacé. Il voyait maintenant les fines tiges du lierre se propager par à-coups sur le sol et enserrer les chênes, les poiriers puis les hibiscus. Il cligna des yeux au moment où tout fut recouvert. Ce clignement suffit à rétablir la vue du chantier endormi.

lundi 5 août 2013

La vue


Il s'était assoupi dans le bureau de sa maison recouvert de la lumière opalescente d'un après-midi ensoleillé. Il avait vogué quelques temps sur des eaux sombres et miroitantes. La chute du livre qu'il lisait imprimant sur le sol le mot Vertiges l'avait réveillé. Le vent sifflant faisait trembler les vitres de la pièce. Il s'était levé pour jeter un coup d'oeil. Le jardin qui était sa vue habituelle avait disparu. A sa place, s'élevait un chantier sur plusieurs étages. Une immense colonne blanche à l'allure de bambou grimpant trônait au centre. Une grue et une échelle se faisaient face sur son côté droit. Après être resté immobilisé un instant, il avait alors pris cette photo.