Je ne
fais que te rapporter ce que m’a dit un homme me dit-elle. Il est apparu parmi
nous au coeur d’une saison de pluies torrentielles. Il tenait à nous raconter ce
qu’il lui était arrivé.
Un dragon m’est apparu en songe. Il cherchait
à me dire quelque chose. J’ai mis longtemps à comprendre, il me semble. Il
voulait témoigner de sa nostalgie. Celle de son pays natal. Il était venu pour
découvrir notre monde dont il avait entendu parler. Il l’avait un peu parcouru
observant de loin les agissements des humains, curiosité opaque, et les espaces,
genres inconnus. La porte de communication entre votre monde et le mien est une
cascade au pied de la montagne qui se trouve près du village disait-il, dit
encore l’homme. Après ses pérégrinations, il avait rejoint cette chute d’eau.
Il y avait vu alors un autre dragon. Il avait su alors qu’il ne pourrait pas
partir immédiatement. Deux dragons ne peuvent pas emprunter la même voie. Je
m’imprégnais en songe du caractère définitif de la sentence. J’acquérais la
conviction qu’il implorait mon aide pour atténuer son chagrin. Sa nostalgie de
dragon. Eveillé par la morsure de ces impressions, j’ai marché jusqu’à la
cascade. Ils étaient là tous les deux. J’ai reconnu le dragon de mon sommeil
par sa patte droite, une griffe plus longue que les autres. Comme s’ils
n’attendaient que mon arrivée, dès que je me suis installé derrière un rocher,
un combat s’est enclenché. Leurs grandes carcasses se heurtaient avec fracas.
J’ai alors pointé l’arc que j’avais amené vers le dragon qui m’était inconnu.
Ce dernier s’est effrondré en silence. Dans une détonation bleue, mon dragon et
la cascade s’étaient volatilisés.
Je ne
me rappelle plus vraiment de ses derniers mots avant qu’il parte. Je me
souviens juste que les pluies s’étaient tues, me dit-elle.
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