Peinture de Janet Africa publiée avec l'autorisation de Mme Guillaumaud-Pujol. |
« On peut juger du degré de civilisation d’une société
en entrant dans ses prisons. » Cette épigraphe extraite des Souvenirs de la maison des morts de
Dostoïevski et placée en tête d’un des chapitres du livre En direct du couloir de la mort de Mumia Abu-Jamal n’a cessé de me
hanter après sa lecture.
Ce dernier, journaliste, surnommé « voix des sans voix »,
y rend compte de la situation des prisonniers au cœur même de l’enfer du
couloir de la mort. Il y est, en effet, détenu suite à une condamnation à mort en
1982 pour le meurtre d’un policier blanc à Philadelphie qui fut commuée, en
2001, en prison à perpétuité, crime pour lequel il a toujours clamé son
innocence. J’ai fait la connaissance de l’histoire de cet homme dont le
principal combat serait de « penser, écrire, agir en toute liberté dans
ce monde », selon ses propres termes, grâce à Mme Claude Guillaumaud-Pujol
dont la biographie Mumia Abu-Jamal, un
homme dans le couloir de la mort retrace le parcours d’une manière
remarquable. Tout aussi marquant est son essai intitulé Prisons de femmes, Janine, Janet & Debbie, une histoire américaine.
L'auteur y dresse un tableau terrifiant de la situation pénitentiaire aux
États-Unis: en 2010, ce pays représentait 5% de la population mondiale, mais
25% de la population carcérale rappelle l'introduction. Le livre nous apprend
ensuite que le pourcentage de femmes noires en prison peut atteindre 10% dans
les prisons d'état. Janine, Janet et Debbie dont l'auteur évoque l'histoire
sont emblématiques de l'iniquité pouvant frapper cette partie de la population
américaine. Faisant partie du mouvement utopiste afro-américain Move fondé par
John Africa, qui dénonce les travers de la société de consommation et
revendique l'égalité pour tous, elles sont arrêtées pour avoir participé au
meurtre d'un policier blanc et condamnées en 1978 de trente à cent ans de
prison pour un crime qu'elles ont toujours nié avoir commis. Leur demande de libération conditionnelle a été rejetée cette année et elles devront attendre deux ans pour un nouvel examen de leur requête.
Mme Guillaumaud-Pujol, universitaire spécialiste des États-Unis,
réussit à donner à ces froides statistiques une incarnation humaine à travers
le récit des vies de ces quatre prisonniers américains auxquels elle a consacré
ses études et pour la libération desquels elle continue de militer au sein du
Collectif Libérons Mumia Abu-Jamal. Ses livres sont de véritables plaidoyers
pour une réforme des systèmes judiciaire et carcéral aux États-Unis.
Janet, Janine, Debbie, Claude Guillaumaud-Pujol, des amis et des membres du Collectif. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire