Cinquième épisode de ma série estivale.
Je me suis vite ressaisi après son
départ. Dans la place jusque-là déserte, est apparue une vieille dame presque
courbée en deux qui a sorti de son cabas un sac en plastique, a plongé la main
dedans, et a éparpillé des miettes de pain comme un magicien peut semer des
confettis. J’avais entendu parler de ce tour par mes parents, mes congénères
aussi parce qu’une nuée d’entre eux qui se prélassaient dans la fontaine l’a soudain
cernée. Ils se sont mis à picorer comme si leur vie en dépendait, mine de rien,
aurait rajouté ma mère. Je les ai observés un moment absorbés par leur pitance,
se bousculant, se piétinant, se dépêchant pour ne pas rater le moindre morceau.
Ils m’ont fait penser aux pauvres humains fonçant dans le métro. Impossible de
les arrêter, impossible de leur parler. Je les ai laissés entre eux, un dernier
regard sur eux avant de sortir moi aussi de la place. Au bout d’un certain
temps, je me suis engagé dans une série de rues et des ruelles, alternance de forêts
de chaussures et de plaines silencieuses. Lorsque la cloche a sonné 8H, je me
suis engagé dans une rue déserte dont les lampadaires encore allumés lui
donnait un aspect irréel. Je ne savais pas encore quelle vision étrange m’attendait.
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