jeudi 25 août 2016

Mine de rien





Cinquième épisode de ma série estivale.



   Je me suis vite ressaisi après son départ. Dans la place jusque-là déserte, est apparue une vieille dame presque courbée en deux qui a sorti de son cabas un sac en plastique, a plongé la main dedans, et a éparpillé des miettes de pain comme un magicien peut semer des confettis. J’avais entendu parler de ce tour par mes parents, mes congénères aussi parce qu’une nuée d’entre eux qui se prélassaient dans la fontaine l’a soudain cernée. Ils se sont mis à picorer comme si leur vie en dépendait, mine de rien, aurait rajouté ma mère. Je les ai observés un moment absorbés par leur pitance, se bousculant, se piétinant, se dépêchant pour ne pas rater le moindre morceau. Ils m’ont fait penser aux pauvres humains fonçant dans le métro. Impossible de les arrêter, impossible de leur parler. Je les ai laissés entre eux, un dernier regard sur eux avant de sortir moi aussi de la place. Au bout d’un certain temps, je me suis engagé dans une série de rues et des ruelles, alternance de forêts de chaussures et de plaines silencieuses. Lorsque la cloche a sonné 8H, je me suis engagé dans une rue déserte dont les lampadaires encore allumés lui donnait un aspect irréel. Je ne savais pas encore quelle vision étrange m’attendait.


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